Je le regarde jouer avec le chien. C'est un de ces jeunes chiens dont raffolent les jeunes des cités, un chien de défense, ou d'attaque selon comme on l'apprécie. On ne saurait dire le mélange de races de celui-ci. Sans doute un peu de tout ce qui est interdit, mélangé avec un peu de tout ce qui est non déclaré.
Il est content de me le montrer. Le chien n'est pas le sien. C'est celui d'un ami qui est venu lui rendre visite, mais il l'adore déjà. On devine sans difficulté l'ambition qu'il a pour lui moyennant un peu de dressage. Cela se voit sur la vidéo qu'il ma envoyée. Sans doute en voudrait il un comme celui-là, mais tellement de choses l'en empêchent...
Il sait à l'avance ce que je peux en penser, mais voilà, il a passé un bon moment, et il aime à me le faire partager. Je souris. Je mesure en le regardant le fossé qui nous sépare. Le fossé de l'âge, celui de la vie qui est passée par là, celui de la souffrance aussi. Tout nous sépare.
Tout nous sépare, tout nous est étranger et pourtant... J'ai cette infinie tendresse pour ce garçon. Rien que le son de sa voix me transperce. Je peux regarder 10 fois la vidéo sans me lasser. J'ai ce pincement au coeur lorsque que je vois apparaître sur l'écran un "Hello M'sieur" auquel je n'ai pu répondre alors que je n'étais pas devant l'ordinateur. Je me marre quand il me fait "t'es où tu fais quoi avec qui depuis quand ?". Je compte les jours - quand ce ne sont pas les heures - alors que j'ai décroché un rencart.
Si différents et pourtant...